*soupir*
Vous navez pas compris grand-chose visiblement.
Tu mets (volontairement?) dans le même sac la sèche d'un pratiquant de muscu, et le régime de la ménagère de moins de 50 qui stresse 2 mois avant l'été en lisant Femme Actuelle, ça n'a rien à voir. Une sèche, ce n'est pas pour répondre à un dictat idiot imposé par la société, c'est pour perdre le gras qu'on a pris durant la prise de masse qui a précédé.
Le pratiquant de muscu et la "ménagère (quel terme affectueux) de moins de 50 ans" vivent dans la même société. Ils sont soumis aux mêmes normes. Vous voulez perdre du gras mais pourquoi ? Toute mon adolescence j'ai lu Cosmo en français et en anglais. Toute mon adolescence on a essayé de me persuader, numéro après numéro, qu'être gros(se) était anormal. Dernières diètes de stars, régimes miracles pour perdre 4 kgs en une semaine, comparatifs des Slim Fast (oui j'ai connu ça) et des sachets protéinés. Dans les supermarchés, sur les couvertures des magazines, l'obsession de la minceur. Du bien-manger. De l'orthorexie comme on dit. Vous n'avez pas choisi ça, vous l'avez absorbé comme des éponges. Et quand vous croyez être libre de maigrir, que vous faites ça pour vous améliorer, vous êtes juste déterminé par le discours dominant.
Peut-être qu'il faut faire partie des opprimés pour sentir la stigmatisation à l'oeuvre.
On ne voit pas la norme quand on est dedans. Mais on la voit bien quand on est en dehors, que plein de monde croit que c'est anormal, qu'il faut changer ça. Pas de liberté là-dedans. Juste des images, des discours, de la pression sociale sourde. Au final vous agissez comme la norme veut que vous agissiez.
Pourquoi s'aligner sur des personnes en surpoids? C'est aussi stupide que de prendre pour modèle des mannequins anorexiques. De plus, ça reviendrait également à subir un dictat sur l'apparence, non? C'est contradictoire avec ce que tu revendiques au final.
Les "gros" ou les "obèses", comme on dit, ne sont pas des modèles. Je ne prétends pas en être une. Tout ce que je revendique c'est qu'ils ont le droit d'être respectés, considérés comme n'importe quelle personne, et pas stigmatisé(e)s tous les jours par ceux qui incarnent la domination de la maigreur et du patriarcat.
Le mouvement Fat Acceptance est pour toutes les beautés. Toutes.
Dire aux gens qu'il faut s'aligner sur tel modèle ou sur tel canon n'est qu'un moyen de stigmatiser une partie de la population. C'est du fascisme. Je ne crois pas qu'il faille une norme maigre ou une norme grosse, juste une acceptation des différentes morphologies. Quelle que soit la part de génétique dedans.
Le gras, ce sont les kcal que le corps va stocker, justement pour en prévision de famine et de privation. Si on ne manque de rien, si on peut manger quand on veut, à l'heure qu'on veut, alors l'organisme n'a pas besoin de faire d'immenses réserves.
On s'en fiche. Il n'y a aucune raison pour que la génétique nous dicte ce qu'on doit faire.
La génétique ne dit rien d'ailleurs. On la fait toujours parler. Quand on a du gras le corps ne "dit" rien, il ne parle pas. Ce sont les normes sociales qui nous imprègnent, qui nous poussent à ne pas nous aimer, à nous juger trop gras(se), trop petit(e), trop différent(e) du modèle de l'homme blanc hétérosexuel. (Et mince.)
Le progrès technologique, l'émancipation morale, ce n'est pas rien. Cela nous permet de nous affranchir des impératifs de survie et ce genre de choses. Nous pouvons adapter le monde à ce que nous voulons, pas l'inverse. Donc on peut manger si ça nous fait plaisir. C'est ça aussi le progrès social. Le droit de manger, un truc que tout le monde fait. Dingue.
une maladie qu'est l'obésité. Ce serait comme voir un alcoolique nous venter des biens faits de l'alcool.
Car oui, l'obésité est une maladie, c'est un addiction au produits qui sont généralement très mauvais pour la santé
Une maladie... toujours cette norme de la minceur, cette obsession du corps mince. Comme si le muscle était plus "utile" que le gras à notre époque. Dans certaines professions je veux bien, mais la majorité des gens font des métiers de tête, le désir pour le muscle me semble plutôt une survivance de la norme masculiniste et viriliste d'avant qu'autre chose. Si le progrès social continue on comprendra peut-être que ce n'est pas la peine de se conformer à ça ou à ça pour être heureux, que chacun(e) peut s'épanouir comme il/elle est. Hier les homos, aujourd'hui l'IVG (à nouveau), demain les "gros" ?
Si tu veux parler d'obésité je connais bien.
J'ai 31 ans. J'ai maigri des dizaines de fois. Des centaines de kilos perdus si on additionne tout. Des semaines à manger une boîte de thon et une pomme en guise de repas à chaque repas. Je connais les diètes longues qui n’en finissent pas, les semaines à -340 grammes où ta diététicienne te félicite comme si tu venais de gagner les Jeux Olympiques. Je connais le bonheur de s’enfoncer deux doigts bien profond dans la trachée quand je me sens coupable d’avoir trop mangé. Je connais le bonheur pervers de pouvoir gerber sur commande, dans n’importe quel chiotte, dans n’importe quelle baignoire, sans un bruit, sans qu’on le devine. J’ai vu chez les autres les désastres des anneaux et des chirurgies bariatriques. J’ai vu les gens changer, la peau pendre, des mariages se briser. J’ai vu des gens réussir, c’est vrai, mais pas assez pour qu’ils ne me donnent envie de me lancer.
Un jour j'ai fait une syncope parce que j'étais en hypoglycémie. En pleine rue. Les pompiers sont venus, j'étais à demi-consciente quand ils m'ont porté dans le camion, ils étaient 4 et un des mecs maugréait que j'étais trop grosse. Eh oui, encore. Après des semaines de thon et pomme et rien d'autre. Après cette histoire j'ai mangé 2 pizza hut avec pâte cheezy crust.
Mais là j'ai compris que je m'étais faite avoir.
Tous ces régimes, ces obsessions, la pression sociale, la stigmatisation. Tout ça ne sont que des facettes du même phénomène. On croit vouloir maigrir, on ne fait que se conformer à une norme dominante. Qui met la barre toujours trop haut, histoire qu'on soit toujours malheureux, toujours en-dehors, toujours à merci des dominants, des conformes, des oppresseurs qui en profitent.
Maintenant je n'hésite plus à manger ce que je veux, car j'aime ça tout simplement

Ce qui me dégoûte ce sont les conneries de Cosmo, Elle et compagnie, quand elles parlent des rond(e)s pour les stigmatiser comme anormales.
Bref, quand vous séchez, vous ne le faites pas pour vous. Si vous faisiez quelque chose vraiment pour vous vous seriez déjà en train de manger de la pizza, du burger ou des plats vraiment agréables pour les papilles. Parce que ça c'est humain. Et c'est une ancienne "sécheuse" (comme on dit ici) qui vous le dit.