Après vous avoir présenté, il y a quelques jours, la quatrième de couverture de Méthode de nutrition, nous enchainons comme promis avec l'interview d'Olivier Lafay, pour en savoir un peu plus sur le livre et patienter jusqu'à sa sortie.
S.V. : Tu as surpris tout le monde avec la sortie soudaine de Méthode de nutrition. Pourquoi avoir œuvré dans l'ombre? Ce silence radio était-il stratégique?
  O.L. : « Il y a plusieurs raisons à cela. Je souhaitais effectivement 
  conserver le secret étant donné la propension galopante de 
  certains à s'inspirer de mon travail. Si j'en avais parlé plus 
  tôt, il m'aurait fallu divulguer publiquement certains aspects 
  du livre en réponse aux questions répétées des lecteurs. Il est 
  difficile de garder le silence durant plusieurs années, une fois 
  un sujet annoncé sur les forums ou sur le blog.
  D'autre part, et cela va ensemble, ce projet est fort ancien 
  puisque le premier plan du livre, très semblable au plan actuel, 
  date de 2007, mais je n'ai pu l'aboutir aussi vite que prévu, 
  car il m'a fallu combattre la pire coalition de détracteurs de 
  mon travail et de concurrents (qui bien souvent sont les mêmes) 
  en 2009, ce qui a repoussé l'achèvement des travaux à septembre 
  dernier. »
S.V. : En regardant ton classement dans les ventes, que ce soit sur les sites de vente en ligne, ou en librairie, on peut en déduire que tes détracteurs ont perdu la partie, non?
O.L. : « Ils ont joué, ils ont perdu. On s'aperçoit aujourd'hui qu'aucune de leurs stratégies, qu'elle qu'elle soit, n'a fonctionné. Il est vrai que cela a monopolisé beaucoup de mon énergie, que j'ai perdu du temps, de très nombreux week-ends. Cela fût épuisant, mais la victoire finale est une récompense qui fait oublier rapidement cette violence, cette agressivité constante envers ma personne et mon travail, sur plusieurs forums.
         
  Le fait que je sois resté calme, droit dans mes bottes et 
  rigoureux, a joué en ma faveur, je le pense. Mais il faut aussi 
  tenir compte de la vingtaine d'actions menées par mon avocat et 
  celui des Editions Amphora. Le rappel à la loi s'imposait et il 
  n'a pu qu'être écouté par les partisans de cette guerre, ils 
  n'avaient guère le choix…
  Certains savent maintenant que l'on ne peut pas tout faire 
  lorsque l'on veut éliminer un concurrent. Quand on jette un 
  regard en arrière et que l'on se rappelle les insultes à 
  répétitions, les vidéos diffamatoires, les topics haineux, on se 
  dit : « tout ça pour ça, tout ça pour quoi? »
  Ils n'ont pas brillé par leur intelligence.
  Ils auraient mieux fait de nourrir leur créativité plutôt que de 
  chercher à éliminer par tous les moyens celui qu'ils voyaient 
  devant eux. »
S.V. : Ton premier livre est sorti en 2004, et tu es n°1 des ventes depuis 2006. Méthode nutrition a réussi à se classer 2° des ventes sur amazon.fr, alors qu'il est toujours en précommande. et son classement actuel est encore bon. Personne n'a encore pu voir l'intérieur de ce livre, pourtant tu te classes déjà beaucoup mieux que tes "concurrents". Est-ce que tu attribues cela au fait qu'ils manquent de créativité? Est-ce qu'il faut être original et créatif pour bien vendre?
  O.L. : « Pas forcément. On peut vendre beaucoup sans créativité ni 
  originalité, mais il faut pour cela un gros appui médiatique, et 
  c'est assez rare pour les livres de pratique sportive. En ce qui 
  me concerne, le besoin de certains de me copier, de tenter de 
  m'éliminer, d'utiliser ma terminologie dans leurs argumentaires 
  de vente, sur leurs livres, peut laisser supposer que mes livres 
  sont un peu différents de ce qu'ils ont l'habitude de faire, de 
  ce que les lecteurs ont l'habitude de trouver.
  De toute façon, c'est le public qui juge. Avec internet, qui 
  démultiplie les possibilités d'échanger sur tout sujet, c'est 
  encore plus que jamais vrai. Mes détracteurs les plus virulents 
  ont bien dû se rendre compte qu'on ne pouvait influencer le 
  jugement du public lorsqu'il s'agit d'un livre de pratique pure. 
  Nous ne sommes pas en dictature.
  On pourrait dire que j'ai voulu démocratiser la musculation et 
  que la démocratie me l'a bien rendu. Les gens ont tendance à 
  valoriser ce qui fonctionne pour eux. Et tous les méchants 
  corbeaux piaillant sur la toile peuvent bien se parer des atours 
  de l'humanité pour déverser leur fiel, il suffit de leur ôter 
  leurs déguisements pour montrer qu'ils sont bel et bien des 
  corbeaux, et que ce qui semblait être des paroles n'est que 
  caquètement criard. »
S.V. : Ils auront quand même réussi à te fatiguer et à te faire perdre du temps, puisqu'il aura fallu 3 ans pour sortir Méthode de nutrition. N'est-ce pas un délai assez long pour produire un livre?
  O.L. : « Oui et non. Tout dépend de que l'on veut livrer au public. 
  Le premier jet du tome 1 de Méthode de musculation date de début 
  1994. Je ne me suis décidé à l'envoyer à des éditeurs qu'en 
  2003. Entretemps, j'ai peaufiné, affiné, détruit, reconstruit, 
  bref : j'ai constamment amélioré mon manuscrit. D'ailleurs, au 
  printemps 2003, j'ai demandé encore une fois l'avis d'un ami 
  proche qui a alors mis le doigt sur un défaut majeur du 
  manuscrit. Sans cet avis, je sais que Méthode de musculation 
  n'aurait jamais été un best-seller. J'ai donc retravaillé pour 
  régler ce problème et j'ai envoyé le manuscrit en juin 2003.
  Il me faut du temps pour réaliser un livre. Je veux être certain 
  d'apporter quelque chose de neuf. J'écris avant tout pour me 
  satisfaire, pour éprouver le plaisir d'avoir emprunté un chemin 
  neuf. Je vois le travail d'écriture comme un travail artistique, 
  rigoureux, très exigeant sur le sujet abordé, mais qui doit 
  absolument être novateur. Je ne pourrais pas me contenter de 
  faire des livres juste pour occuper le terrain, en compilant ce 
  qui a déjà été fait. »
S.V. : Donc, si je comprends bien, on aurait pu avoir Méthode de nutrition il y a un an, si tu n'avais pas eu cette coalition contre toi l'an dernier.
  O.L. : « Tout à fait ! Il me faut du temps. Je ne pense pas que l'on 
  puisse être créatif et rigoureux en écrivant plusieurs livres 
  dans l'année. Il y a encore des auteurs qui publient en cascade 
  pour se faire un nom, ou pour exploiter leur nom, rendu célèbre 
  grâce à un succès passé, comme si c'était une rente. Je pense 
  que c'est une erreur. Etant donné que l'on trouve de très 
  nombreuses informations sur internet, à quoi bon compiler, sans 
  la moindre valeur ajoutée, ce qui est disponible gratuitement en 
  ligne? Quant aux auteurs qui s'auto-plagient pour publier 
  beaucoup de livres en peu de temps, la supercherie finit 
  forcément par être découverte et internet la diffuse très vite.
  
  Pour imaginer une voie nouvelle, pour l'explorer avec cohérence, 
  il faut du temps. »
S.V. : Du temps et de la créativité, voilà ce qui serait donc pour toi des éléments importants pour faire un best-seller. Puis-je te demander en quoi Méthode de nutrition apporte du neuf? Tout semble pourtant avoir été écrit sur ce sujet, non?
O.L. : « C'est une méthode. Ceux qui ont déjà lu mes livres, mes interventions sur internet, mes articles, et qui savent donc le sens que je donne à ce terme, vont comprendre immédiatement ce que je veux dire. Je ne fais pas entrer de force les gens dans un système rigide, non étudié pour eux. »
S.V. : Tu veux dire que c'est une méthode au sens où Méthode de musculation est une méthode? C'est-à-dire, comme j'ai pu te lire sur le forum, une succession d'étapes personnalisables très précises et détaillées, nécessairement liées entre elles, et permettant de parvenir sans questionnements parasites au but que chaque utilisateur se propose d'atteindre? Ce n'est pas une méthode au sens des méthodes de régimes pré-établis que l'on connaît?
O.L. : « C'est exactement cela. J'ajouterais que la méthode est un outil au service de chaque lecteur, qu'elle l'encadre totalement, qu'elle le protège des erreurs fatales et qu'elle l'informe, qu'elle l'éduque, sans le surcharger. »
S.V. : Tu veux dire que ton livre peut aider n'importe qui, que l'on souhaite prendre du muscle, mincir ou améliorer ses performances sportives et que l'on est guidé?
O.L. : « Oui, mais ce n'est pas tout Stephen. »
S.V. : Comment ça? C'est aussi valable quel que soit l'âge, je suppose?
O.L. : « Oui. Cela va même encore plus loin, mais je n'en dirai pas davantage, car je préfère que les lecteurs aient la surprise après avoir ouvert le livre. »
S.V. : Très bien, je ne vais pas chercher à en savoir plus, car je comprends que tu veuilles garder des surprises pour le lecteur. Mais, ce que j'en comprends, c'est que tu as voulu faire une vraie méthode. Rien que d'y penser, je me dis que c'est un sacré challenge.
  O.L. : « Tendre vers l'universalité est ce qui demande le plus de 
  temps, de réflexion. Il faut non seulement penser à tous les cas 
  possibles, en les notant et les hiérarchisant, mais il faut 
  aussi les articuler au sein d'une structure unique. Cela ne sert 
  à rien de noter tous les cas possibles dans un livre si chacun 
  n'a pas droit à la même attention.
  Il faut qu'il y ait une seule entrée, un rythme de progression 
  individualisable, un encadrement individualisable et la même 
  possibilité, pour tous, d'obtenir des résultats probants, quelle 
  que soit la situation de départ du lecteur. 
  Et je parle autant de situation physique que de situation 
  psychologique. »
S.V. : Oui je comprends. Cela ne sert à rien de donner des informations à des gens en difficulté, sans les guider et les encadrer. C'est d'ailleurs un des points forts de Méthode de musculation, de motiver en rendant autonome, et je suppose que ce sera le cas pour ce prochain livre?
O.L. : « L'un ne va pas sans l'autre, effectivement. En construisant la motivation des gens, en leur faisant expérimenter une multitude d'outils et de savoirs, je les rends de plus en plus sûr d'eux, et donc capables de se gérer tout seuls à terme, sans même plus avoir besoin des livres. L'objectif est la création d'autonomie, le lecteur (ou la lectrice) devient progressivement l'artisan de ses propres programmes, en limitant au maximum le risque d'erreur. »
  S.V. : Certains n'ont pas compris que le but de ta méthode de 
  musculation était de libérer les gens et surtout pas de les enfermer. 
  Une fois réalisées toutes les étapes guidée, on acquiert une 
  certaine liberté, on peut même intégrer à l'entrainement des haltères ou des kettlebells…
  Mais, avec Méthode de nutrition, l'autonomie, c'est quoi 
  précisément?
  O.L. : « L'autonomie se définit de la même façon qu'avec Méthode de 
  musculation. C'est-à-dire qu'elle se définit avant tout par la 
  possibilité de refermer un jour le livre et de composer soi-même 
  ses propres programmes, ce qui signifie, dans le cas de la 
  nutrition, de composer ses propres repas diététiques, ses 
  propres menus pour mincir ou grossir, avec une facilité issue de 
  la mémorisation sans gros efforts de toutes les règles et 
  notions permettant de le faire.
  L'acquisition progressive (au rythme de chacun) d'une culture 
  diététique, est un atout supplémentaire, qui fera de chacun un 
  esprit avisé, susceptible de repérer la valeur calorique de tout 
  aliment ou plat et donc de savoir les utiliser à son profit. »
S.V. : Est-ce qu'il s'agit de mémoriser des informations comme dans tes autres livres, par la pratique essentiellement? Il est vrai qu'apprendre par cœur des tables de composition des aliments serait extrêmement pénible et qu'il faut être très motivé pour le faire.
  O.L. : « Le parcours est entièrement balisé et chacun apprend à son 
  propre rythme, en suivant son programme diététique personnalisé. 
  Les lecteurs pourront apprendre sans même s'en rendre compte, 
  simplement en appliquant les consignes, en lisant les recettes, 
  en détaillant les menus ou en creusant une information à l'aide 
  d'un renvoi de page. Donc, pas d'apprentissage par cœur, on 
  apprend… en faisant.
  Et la structuration de l'ouvrage va permettre un apprentissage 
  rapide. »
S.V. : Tu disais tout à l'heure que le plan de Méthode de nutrition avait évolué depuis 2007. Est-ce pour aller dans le sens de cet apprentissage facilité et presque inconscient? Pour plus d'efficacité et d'autonomie?
O.L. : « Exactement. J'ai continué à apprendre depuis la sortie de Turbo. J'ai précisé l'idée que je me faisais d'une méthode de nutrition grâce à ces nouveaux savoirs et j'ai, de plus, bénéficié de la collaboration d'une équipe soudée et performante dont la qualité de travail m'a libéré l'esprit en autorisant un approfondissement de tous les éléments composant le livre. La relation avec mon éditeur s'est étoffée et affinée avec le temps. Et cela s'est vu tout au long de la réalisation de ce projet. C'est un véritable luxe de travailler ainsi. Les différents intervenants se sont trouvés parfaitement en phase avec mes demandes, avec l'orientation de mon travail. »
S.V. : J'ai vu que tu avais cité plusieurs noms sur ton blog : Pierre, Isabelle, Renaud, Patrick, Alain et Delphine. Peux-tu me préciser le rôle de chacun des membres de cette équipe?
  O.L. : « Commençons par Pierre, Docteur en Sciences, qui a collaboré 
  à la création de plusieurs parties du livre en validant 
  scientifiquement l'ensemble. Isabelle a réalisé les 
  illustrations et apporté son recul critique sur mes textes. 
  Patrick et Alain ont travaillé sur la maquette, en accord avec 
  Renaud et moi-même. Patrick, le maquettiste des Editions Amphora, 
  a fait une école d'art. Alain, maquettiste indépendant, est très 
  rigoureux et fourmille de bonnes idées. L'un et l'autre se 
  complètent à merveille. Delphine, la correctrice, veille à la 
  qualité technique des textes et m'interpelle souvent sur le sens 
  des mots, des phrases. 
  Tous ces gens ne se sont pas considérés comme de simples 
  exécutants, mais comme de véritables créatifs, très motivés, 
  produisant autant de l'esthétique que du sens. Quant à Renaud, 
  le Directeur Général d'Amphora, on peut dire qu'il est très 
  proche des auteurs et suit de près la réalisation des livres en 
  s'impliquant personnellement. »
S.V. : J'imagine que si toutes ces personnes travaillent ensemble en se mettant au service de ton projet, le résultat doit être impressionnant. Mais, concrètement, ça donne quoi?
  O.L. : « Quand je me lance dans la réalisation d'un projet, je mets 
  au point le processus de la méthode, le plan et le cahier des 
  charges. Je les fournis, soit entièrement, soit sous une forme 
  allégée, à ceux qui sont censés travailler pour donner une 
  consistance de forme et de fond au livre en devenir. Pierre a 
  ainsi creusé les pistes que je lui ai fournies et s'est avéré 
  compétent et ingénieux. Ses connaissances scientifiques se sont, 
  à plusieurs reprises, révélées déterminantes. Isabelle s'est 
  lancée dans l'exploration des voies artistiques susceptibles de 
  répondre à ma demande, tout en apportant son recul critique, en 
  temps réel, sur le fond du livre. Elle a donc proposé des œuvres 
  totalement personnelles et vraiment convaincantes tant c'est 
  original. Je pense que beaucoup vont être surpris en ouvrant le 
  livre.
  Patrick et Alain sont partis des illustrations d'Isabelle pour 
  proposer des idées de mise en page immédiatement séduisantes. Je 
  n'ai eu aucune critique négative à faire, c'était parfait. »
S.V. : Ils ont donc tous travaillé ensemble, mettant leurs idées en commun pour correspondre le plus possible à l'esprit de ton projet?
  O.L. : « Oui, c'est tout à fait ça. Je me suis déplacé dans les 
  locaux d'Amphora pour que l'on soit tous réunis lors des 
  premiers jours de mise en place de la maquette. C'était un 
  travail de groupe, avec un jaillissement permanent d'idées. Les 
  critiques et apports des uns et des autres ont largement stimulé 
  ma réflexion et ainsi orienté le livre vers davantage de qualité 
  (de forme et de fond).
  C'est un luxe de pouvoir faire confiance, humainement et 
  professionnellement, à des collaborateurs. C'est la grande force 
  des Editions Amphora (éditeur familial) de pouvoir fournir un 
  tel cadre, sécurisant, apte à générer une bonne ambiance et une 
  efficacité maximale.
  L'auteur peut se retourner, l'esprit tranquille, et se consacrer 
  à la recherche. Le livre prend donc davantage de poids, par 
  l'optimisation du système mis en place bien longtemps 
  auparavant, et ce jusqu'à quelques jours avant le départ de la 
  maquette finale chez l'imprimeur. »
S.V. : Cela ne se passe pas comme cela dans l'édition, en général?
  O.L. : « En principe, l'auteur remet un manuscrit à l'éditeur, et il 
  n'a plus son mot à dire ensuite. Ce n'est pas un travail 
  d'équipe. Il n'a pas de contrôle sur la maquette, sur la mise en 
  forme, sur le style et la qualité des illustrations. Il n'a pas 
  de contact direct avec tous les intervenants.
  Chez Amphora, j'ai non seulement des contacts avec le directeur 
  commercial, les maquettistes, le directeur marketing, mais je 
  peux aussi travailler en direct avec eux. J'amène un projet, et 
  nous débattons ensuite, nous élaborons ensemble. Nous sommes 
  ainsi plus proches, au final, des lecteurs, plus proches de mes 
  idées, celles-ci ayant été affinées à l'extrême afin de répondre 
  à toutes les contraintes possibles et imaginables. »
S.V. : C'est étonnant d'avoir pu améliorer encore le livre quelques jours avant qu'il parte chez l'imprimeur. On imagine toujours que le livre doit être fini totalement avant d'être remis à l'éditeur. C'est sûr qu'il faut travailler avec des gens motivés. En gros, ils ont à peine fini d'affiner la maquette que tu leur redemandes des changements?
  O.L. : « Oui, mais ils ont vécu ce challenge avec beaucoup 
  d'enthousiasme. Ce projet est fabuleux et tout le monde est 
  entré dans cet univers assez fantastique avec plaisir.
  Renaud sait à quel point je suis pointilleux, obsédé par les 
  détails, par ma volonté d'être compris par tous, au service de 
  tous. Il sait aussi à quel point cet effort vers les lecteurs 
  paie, puisque mes trois précédents livres sont des best-sellers. 
  Aussi, ma manière de procéder est acceptée comme allant de soi 
  et je dois à Renaud cette cohésion des troupes. C'est un 
  excellent chef d'orchestre. »
S.V. : Tu as donc recréé ta méthode tout au long des derniers mois, elle n'était pas finalisée même si ton plan et les principales idées étaient déjà la.
  O.L. : « Comme je l'ai dit tout à l'heure, je définis d'abord le 
  processus de la méthode, ce qui permet de laisser beaucoup de 
  portes ouvertes. Je ne veux rien enfermer, car cela risquerait 
  d'entraver la marche du projet vers la perfection que j'imagine 
  pour lui.
  Je veux une méthode la plus aboutie possible. Il faut donc que 
  l'esprit soit en éveil permanent, tout au long de la 
  réalisation, pour entrevoir des pistes nouvelles. 
  Je cultive l'idée de méthode par la lecture des auteurs 
  constructivistes (Watzlawick, Morin, Kourilsky, Segal, etc) ceci 
  afin que leurs outils contribuent à l'amélioration de mon 
  système. Je relis même des auteurs ayant inspiré les 
  constructivistes, comme Thomas Kuhn. Pour élaborer un ouvrage à 
  prétention révolutionnaire, il faut parfaitement saisir, et 
  garder en tête lors de l'écriture, les concepts de révolution et 
  de paradigme. »
S.V. : As-tu des exemples de ces idées et changements de "dernière minute" qui ont joué un rôle dans l'aboutissement de la méthode?
O.L. : « Une idée fondamentale est apparue seulement un mois et demi avant la remise du manuscrit à l'éditeur. Une autre tout aussi fondamentale m'est venue quinze jours avant cette même remise. Et la dernière idée, qui a scellé magnifiquement ce projet, date de quatre jours avant le départ chez l'imprimeur, soit après un gros travail d'équipe sur la mise en forme du livre. »
S.V. : Oui, mais plus précisément. En quoi ces changements sont de véritables améliorations? En quoi sont-ils fondamentaux?
  O.L. : « J'ai voulu réaliser une méthode universelle et 
  personnalisable, applicable sans aucun calcul. Ce qui est un 
  défi d'importance si l'on songe qu'il s'agit de calories, de 
  glucides, de protides, et de tout un tas d'éléments qu'il faut 
  logiquement additionner ou soustraire pour obtenir une 
  alimentation saine et efficace. Sans les trois idées majeures 
  dont je viens de parler, apparues en cours de route, je n'aurais 
  pas réussi à atteindre mon objectif.
  Je savais ce que je voulais, mais je ne savais que vaguement 
  comment y parvenir, sur certains points, au moment de la mise en 
  chantier du projet. Je comptais, comme à chaque fois, sur mes 
  intuitions et l'esprit d'escalier. C'est pour cela que les 
  bonnes lectures sont utiles afin de prendre le plus de recul 
  possible par rapport à mon propre travail et celui de mes 
  collaborateurs. Il existe des règles pour créer, pour composer 
  et pour transmettre. »
S.V. : Tu parles d'art, de création, de composition, de travail d'équipe. Peux-t-on comparer ton travail à celui d'un réalisateur de cinéma qui serait également le scénariste du film qu'il tourne, tout en jouant un des rôles principaux?
  O.L. : « Pourquoi pas. Sans oublier que Pierre a été co-scénariste et 
  acteur. Isabelle est à la fois décoratrice, actrice et 
  co-scénariste. Patrick, Alain sont décorateurs et acteurs. 
  Delphine et Renaud sont acteurs. Ce dernier étant également 
  co-réalisateur d'une façon qui complète la mienne par la 
  supervision des aspects techniques du travail individuel et de 
  groupe. Ces analogies pourraient être développées et complétées.
  On peut aussi comparer ce travail à celui d'un chorégraphe, 
  animé d'un projet précis, qui désire les meilleurs danseurs, les 
  meilleurs décorateurs, la meilleure musique, et qui organise le 
  spectacle de manière à utiliser aux mieux les compétences de 
  chacun. 
  Pour revenir à l'édition, je réalise à la fois un travail 
  d'auteur et un travail d'éditeur qui se rapproche de celui d'un 
  directeur de collection, en résonnance avec le travail éditorial 
  de Renaud. Mais tout cela avec une fluidité dans les relations, 
  et une cohésion, assez exceptionnelles. »
S.V. : On peut donc s'attendre à un nouvel OVNI dans le paysage de l'édition de sport et bien-être. Merci Olivier d'avoir bien voulu répondre à cette longue interview.

