Les ecdystéroïdes fonctionnent-ils vraiment ?

Si vous êtes un quarantenaire, vous avez sûrement déjà entendu parler des épinards et de ce célèbre personnage. Popeye, qui voyait sa musculature et force décuplée dès qu'il mangeait des épinards. Depuis les années 70, des chercheurs se penchent sur les propriétés non pas de l' épinard mais du principe actif que ce végétal contient et qui se nomme la beta-ecdystérone.

Les ecdystéroïdes sont donc des composés d'origine naturelle souvent vantés comme des agents anaboliques potentiels. Ces substances sont largement commercialisées en tant que compléments alimentaires pour les athlètes, promettent d'améliorer la force, de favoriser la croissance musculaire et de faciliter la récupération après des exercices intensifs. Dans les années 1980, il a été suggéré que la bêta-ecdystérone était utilisée par des athlètes olympiques russes, ce qui a contribué à sa légende de « secret russe ». Ce secret, nous allons tenter de le dévoiler dans cet article.

Introduction aux ecdystéroïdes

Les ecdystéroïdes, en particulier la bêta-ecdystérone, sont considérés en musculation comme une alternative sérieuse aux stéroïdes anaboliques traditionnels, notamment en raison de leur profil de sécurité potentiel (leur non-dangerosité si vous préférez). Contrairement aux stéroïdes androgéniques, qui peuvent avoir des effets secondaires significatifs liés à leur interaction avec les récepteurs androgènes, les ecdystéroïdes semblent agir par d'autres mécanismes, y compris l'activation possible du récepteur bêta des œstrogènes (ERβ). Ce fonctionnement distinct pourrait expliquer leur capacité à favoriser la synthèse des protéines sans les effets indésirables courants associés aux stéroïdes anaboliques.

Mécanismes d'action des ecdystéroïdes

Les ecdystéroïdes exercent leur effet anabolisant principalement en interagissant avec l'un des récepteurs aux oestrogène présent dans notre organisme, le récepteur bêta des œstrogènes (ERβ), l'autre récepteur étant le récepteur alpha (ERα).

Le récepteur bêta, découvert un peu plus tard que le premier, présente des caractéristiques uniques et souvent opposées à celles de son homologue. Alors que le récepteur alpha est principalement associé aux effets œstrogéniques classiques, le récepteur bêta joue un rôle dans le développement musculaire, la force et la récupération.

Au niveau moléculaire, les recherches ont révélé plusieurs voies d'action, et cela va être un peu technique. Premièrement, l'activation du récepteur ERβ par les ecdystéroïdes déclenche une cascade de signaux impliquant la voie PI3K/Akt, un mécanisme central dans la régulation de la synthèse protéique musculaire.

Cette succession de réactions en chaine est particulièrement intéressante dans le cas d'une recherche de prise de muscle car cette réaction influence directement l'hypertrophie musculaire.

Un autre aspect fascinant du mécanisme d'action des ecdystéroïdes concerne leur interaction avec le système IGF-1 (Insulin-like Growth Factor 1). Les études montrent que les ecdystéroïdes peuvent réduire l'expression du gène de la myostatine, un inhibiteur naturel de la croissance musculaire, tout en augmentant les niveaux d'IGF-1. L'ecdistérone va donc d'un coté booster votre IGF-1 qui est un accélérateur de croissance musculaire, tout en demandant à la myostatine de ne pas freiner cette croissance musculaire.

Les ecdystéroïdes influencent aussi la voie de signalisation du récepteur MAS1, un composant du système rénine-angiotensine (SRA). Cette interaction complexe participe non seulement à l'hypertrophie musculaire mais joue également un rôle dans la production d'énergie cellulaire.

Enfin, au niveau cellulaire, les ecdystéroïdes démontrent également la capacité de moduler les niveaux d'estradiol et de corticostérone dans les cellules musculaires. Cette régulation hormonale locale contribue à créer un environnement métabolique favorable à la croissance musculaire et à la récupération.

Bref, cela peut être un peu pointu mais sur de nombreux facteurs, les Ecdystéroïdes que sont l'Ecdystérone et la Turkestérone sont sur le papier de véritables alliés de la prise de muscles.

Études scientifiques sur l'efficacité des ecdystéroïdes

L'étude majeure de la Freie Universität Berlin a examiné l'effet de la bêta-ecdystérone sur 46 volontaires masculins pendant dix semaines. Les sujets, âgés en moyenne de 25,6 ans, ont été répartis en quatre groupes :

Les participants ont suivi un programme d'entraînement de trois séances hebdomadaires, composé de six exercices avec haltères. Les résultats ont montré une progression significative au développé couché :

En termes de masse musculaire :

Des analyses sanguines approfondies n'ont révélé aucun effet secondaire durant l'étude.

Une autre étude, menée par Parr et al. (2015), a comparé l'effet de l'ecdystérone avec plusieurs composés anabolisants sur des rats. Les animaux ont reçu 5 mg/kg de poids corporel pendant 21 jours. L'étude a démontré que l'ecdystérone induit une hypertrophie musculaire supérieure à celle observée avec le métandiénone, l'estradienedione et le SARM S-1.

Dans le même temps, des études in vitro sur des cellules C2C12 ont montré que l'ecdystérone à une concentration de 1 µM provoquait une augmentation du diamètre des myotubes comparable à celle obtenue avec la dihydrotestostérone (1 µM) et l'IGF-1 (1,3 nM).

Ces deux études scientifiques démontrent le potentiel anabolique des ecdystéroïdes, avec une efficacité comparable voire supérieure aux agents anabolisants traditionnels, tout en ne présentant pas du tout les effets secondaires des stéroïdes (ce que nous allons voir dans le prochain paragraphe).

D'ailleurs ces résultats ont conduit à des discussions au sein de l'Agence Mondiale Antidopage concernant une possible inclusion des ecdystéroïdes dans la liste des substances interdites, particulièrement dans la catégorie S1.2 « Autres agents anabolisants ».

Sécurité et effets secondaires des ecdystéroïdes

Alors, avec de tels résultats, les effets secondaires doivent être terribles ! Et bien non. En général, les ecdystéroïdes, comme la bêta-ecdystérone, sont considérés comme des alternatives relativement sûres aux stéroïdes en raison de leur absence apparente d'effets secondaires graves.

Les résultats d'études humaines ayant examiné les effets secondaires des ecdystéroïdes sont prometteurs. Par exemple, une étude de dix semaines a été menée sur des participants à qui l'on a administré de la bêta-ecdystérone. Aucun effet secondaire significatif n'a été décelé durant cette période, comme l'ont révélé des analyses sanguines approfondies. Cela marque une différence notable par rapport aux stéroïdes anaboliques, qui peuvent causer une multitude d'effets indésirables tels que l'hypertrophie prostatique, des déséquilibres hormonaux, ou des problèmes cardiovasculaires.

Les ecdystéroïdes fonctionnent-ils vraiment sur vous ?

La controverse qui entoure les ecdystéroïdes dans le monde du fitness n'est pas le fruit du hasard, et il existe une raison qui pourrait expliquer que les pratiquants se confrontent sur les réseaux et forums de musculation sur les résultats de l'Ecdystérone et la Turkestérone. Certains utilisateurs rapportent des gains impressionnants en force et en masse musculaire, d'autres ne constatent absolument aucun effet, créant ainsi une division marquée dans la communauté sportive de la musculation.

Cette disparité apparente trouverait enfin son explication grâce aux récentes découvertes du Dr Kyle Gillet, spécialiste en endocrinologie, qui met en lumière le rôle crucial des niveaux d'estrogènes individuels dans l'efficacité de ces compléments.

On l'a vu précédemment, le fonctionnement des ecdystéroïdes repose sur leur capacité à stimuler le récepteur bêta-estrogène (ERβ) et son rôle positif dans la croissance musculaire, la force et la récupération. C'est précisément cette interaction qui explique pourquoi les résultats peuvent varier si drastiquement d'une personne à l'autre. Car oui, nous N'avons PAS les mêmes niveau d'un individu à un autre sur les récepteurs bêta-estrogène.

Pour comprendre cette variabilité, prenons un exemple concret. Imaginons deux sportifs :

Lorsque ces deux pratiquants prennent la même dose d'ecdystéroïdes, qui augmente l'activation du récepteur de 5 points, les résultats sont radicalement différents, et l'augmentation en pourcentage va du simple au double.

Cette différence d'augmentation relative explique pourquoi le sportif B constatera des gains beaucoup plus importants que le sportif A, malgré une prise identique du complément.

Comment connaître mon niveau naturel de bêta-estrogène ?

Même s'il n'est pas valable à 100%, un indicateur physique permet d'estimer grossièrement vos chances de réponse positive aux ecdystéroïdes : la gynécomastie. Ce phénomène est souvent lié à un déséquilibre hormonal, particulièrement à des niveaux élevés d'estrogènes par rapport à la testostérone. C'est pourquoi la présence de gynécomastie peut servir d'indicateur visuel des niveaux d'estrogènes d'une personne. Visuellement, la gynécomastie se présente sous différentes formes :

L'absence totale de gynécomastie, actuelle ou passée, suggère des niveaux d'estrogènes naturellement plus bas, ce qui vous donnerait une probabilité importante de meilleure réponse aux ecdystéroïdes. À l'inverse, la présence de gynécomastie indique potentiellement des niveaux d'estrogènes plus élevés, pouvant limiter l'efficacité du complément, surtout à posologie égale.

Mais encore une fois, il est à noter que l'indicateur de la gynécomastie, bien que pratique, n'est pas infaillible. Certaines personnes peuvent présenter une gynécomastie malgré des niveaux d'estrogènes modérés, tandis que d'autres peuvent avoir des niveaux élevés sans signes visibles. Seule une analyse sanguine complète peut fournir une image précise de votre profil hormonal et donc de votre potentiel de réponse aux ecdystéroïdes.

Vous le remarquerez donc, les Ecdystéroïdes sont des compléments “différents” car contrairement aux protéines, aux oméga 3, à la créatine qui fonctionnent dans une très grande majorité des cas sans trop prendre en compte les particularités du pratiquant, ça ne sera pas le cas de l'Ecdystérone ou la Turkestérone, où il faut être beaucoup plus attentifs, à l'écoute de son corps, de ses progrès ou non, pour prendre le plein potentiel de ce type de complément.

Pour maximiser vos chances de succès avec les ecdystéroïdes, plusieurs stratégies peuvent donc être envisagées :

Cette nouvelle compréhension du fonctionnement des ecdystéroïdes révolutionne notre approche de leur utilisation, et permet de nuancer les discours extrêmes que l'on peut trouver lorsque l'on recherche des infos sur ces produits. Ces recherches soulignent aussi l'importance d'une approche personnalisée et éclairée, basée sur la compréhension de son propre profil hormonal, plutôt qu'une utilisation à l'aveugle basée uniquement sur les retours d'expérience d'autres utilisateurs.

Les Ecdystéroïdes sont-ils disponibles en France ?

En France, l'écdystérone n'est pas une substance interdite à la vente et peut être commercialisée légalement en tant que complément alimentaire. Cependant, le marché français propose relativement peu d'options de fabrication locale. Parmi les rares acteurs nationaux, on trouve notamment la société DIX, qui propose d'acheter de l'ecdysterone en France. Leur formulation propose une concentration de 98% de bêta-ecdystérone, avec 700 mg par gélule, combinée à un complexe d'Hydroxypropyl-Cyclodextrine et d'extrait de poivre noir pour optimiser l'absorption.

À noter que l'entreprise ne se limite pas à cet ecdysteroide et propose aussi la vente de turkestérone, de quoi vous faire votre véritable avis sur son complément. Un laboratoire qui propose des compléments alimentaires haut de gamme principalement destinés aux sportifs.

Considérations pratiques pour les utilisateurs

Avant d'intégrer les ecdystéroïdes, tels que la bêta-ecdystérone, dans votre programme d'entraînement, voici quelques conseils pratiques à considérer :

• Posologie recommandée : Vous pourriez envisager de débuter avec une gélule par jour, puis d'augmenter progressivement, en fonction de votre tolérance et de vos résultats.
• Durée d'utilisation : Les essais cliniques effectués sur une période de dix semaines ont affiché des résultats prometteurs. Il est conseillé d'utiliser les ecdystéroïdes pendant une période similaire, suivie d'une pause de plusieurs semaines pour éviter toute accoutumance.
• Association avec un entraînement approprié : Pour maximiser l'effet anabolisant des ecdystéroïdes, il est crucial de pratiquer un entraînement de résistance de manière régulière et structurée. Visez au moins trois séances de musculation par semaine, en intégrant des exercices variés qui ciblent l'ensemble du corps.
• Importance d'une nutrition adéquate : Accompagnez votre usage d'ecdystéroïdes d'une alimentation riche en protéines et en nutriments essentiels pour favoriser la croissance musculaire. Consommer suffisamment de calories, notamment des protéines de qualité, sera déterminant pour l'atteinte de vos objectifs.